Play boy sur I Pad, mais pas Charlie hebdo
"Unissez-vous contre la censure sur Ipad !"
Je viens d’apprendre que Play boy serait désormais accessible sur I Pad, sans censure, via un site internet, donc grâce au jailbreaking, c’est-à-dire au détournement des codes d’exploitation, qui lui permettent d’échapper au passage obligé de l’ « Apple store », équivalent commercial des fourches caudines de la censure appleienne. Le jailbreaking est autorisé aux USA depuis juillet 2010. Profil bas pour Steve Jobs.
Play boy est donc accessible par site internet. Mais en mars 2011, pour montrer son obéissance aux codes moraux édictés par la firme, le magazine proposera une « appli » officielle, donc censurée.
Charlie hebdo avait été pressenti aussi en septembre 2010 pour figurer dans le catalogue du tout-puissant bien pensant, mais, trop confiants, ses rédacteurs n’avaient pas imaginé qu’ils n’auraient plus la main sur son contenu. Au moment de signer, l’idée leur est quand même venue de demander une garantie. Garantie refusée. Il faudra autoriser Big brother à couper tout ce qui ne lui semble pas moral. Le « final cut » ne leur appartient plus. Lisez la colère de Charb sur leur site.
Je m’indigne avec Charb de ce que la presse cède à ce diktat, elle qui crie haut et fort que Sarkozy est en train de démolir la liberté de la presse. On ne compte plus les applis de journaux sur I Pad. Le Monde y est lui aussi. Il n’a pas de problème, me direz-vous, car il ne publie ni filles nues ni dessins « trash ». Mais le principe de ne plus avoir la main sur le contenu final devrait être insupportable à tout rédacteur. La révolte des directeurs de publication est assourdissante de silence.
Où sont les indépendants, les révoltés du clavier ? De quoi vont-il se plaindre désormais si seul Sarkozy leur doit un espace de liberté, mais qu’un seul commercial borné et rigide peut leur enlever sans qu’ils bronchent ?
Dessin de José; légende détournée par Agnès