L’étau se resserre autour des pesticides
Deux études, l’une canadienne, l’autre danoise, viennent de renforcer les soupçons de dangerosité des pesticides sur les êtres humains, en particulier les enfants.
La première fait un lien entre trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention (THADA) et exposition aux pesticides des enfants. Menée par Maryse Bouchard, chercheuse au Département de Santé Environnementale et Santé du Travail de l’Université de Montréal, elle a consisté à mesurer les concentrations de pesticides dans les échantillons d’urine de 1139 enfants de 8 à 15 ans représentatifs de la population américaine. Une partie avait été médicalement diagnostiquée comme « hyperactifs ». Leurs urines présentaient des concentrations de pesticides importantes. Ses conclusions sont que l’exposition aux organosphosphorés, substances présentes dans les pesticides, induirait des effets sur le système nerveux, en développement pendant l’enfance, et donc sensible.
Des déficits cognitifs et de l’hyperactivité après exposition aux organophosphorés avaient déjà été démontrés chez les animaux. Maryse Bouchard précise que des prélèvements d’urine sur une durée plus longue vont être entrepris afin de mieux cerner la récurrence de l’exposition et détecter la période de développement la plus critique.
La seconde est danoise et a été menée en Équateur, par Philippe Grandjean, de l’Université du Sud-Danemark, dans une région où la population travaille dans les roseraies, fortement traitées aux pesticides. 84 enfants entre 6 et 8 ans ont été suivis dans une école de la ville, dont les parents travaillent en roseraies, et où les mamans avaient travaillé pendant leur grossesse. Leurs constats sont :
Les conditions d’usage des pesticides sont bien plus risquées en Équateur que dans les pays européens, parce que leur utilisation par les ouvriers se fait souvent sans protection, que certains de ces pesticides sont plus nocifs que les autres et sont interdits chez nous.
Il n’est pas question pour moi de déduire de ces infos que les pesticides sont la cause de l’hyperactivité ou du retard de développement de tous les enfants. Beaucoup d’autres causes peuvent intervenir dans l’apparition des troubles du développement. Il n’empêche que l’exposition aux pesticides est toxique et que l’on pourrait au moins s’y intéresser de plus près quand il s’agit de la santé de nos enfants. Par exemple, il serait bon que l’union européenne revienne sur la toxicité de certains d’entre eux, qui ne sont plus soumis à aucune étude parce qu’ils sont autorisés sur le sol européen. Comme si la messe était dite.
Philippe Grandjean espère que l’étude qu’il a faite en Équateur permettra à l’Europe de changer d’avis sur ce point et de relancer des études.
Sources :
Bulletin Électronique Canada :
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/63520.htm
Bulletin Électronique Danemark :