L'enjeu du procès contre Charlie Hebdo

Dans son édito, Philippe Val défend bec et ongles la caricature de Cabu, son directeur artistique, publiée en couverture, qui montrait Mahomet se désespérant des extrémistes, parce qu’elle vise clairement les intégristes. La mention au-dessus du dessin l’explicite : « Mahomet débordé par les intégristes ». Philippe Val, directeur de publication, tout comme ses avocats, insistent sur ce point : la caricature ne visait pas le musulman pacifique de la rue, mais les éléments terroristes qui se réclament de Mahomet. Mais Philippe Val revendique aussi le droit de se référer à l’histoire : l’objet sacré de Mahomet est le sabre, un sabre symbole de lutte qu’il a utilisé une partie de sa vie. Philippe Val affirme même : « Nier que le Prophète fut un homme en armes, c’est nier l’histoire. C’est nier aussi les massacres qu’il a fallu perpétrer pour aller de Médine à Poitiers ! ». Le parcours du Prophète est donc en partie violent ; de nos jours le sabre serait, à n’en point douter, une bombe. Il est repris par des fanatiques qui n’ont pas compris la pacification de l’islam au fil des siècles.
De plus, Philippe Val a déjà affronté des procès pour des insultes assénées à la religion catholique. Dans ses colonnes, en 1995, Riss appelle « à chier dans les bénitiers », et en 1996, Philippe Val souhaite la bienvenue « au pape de merde ». Dans les deux cas il fut relaxé. Comment imaginer qu'il soit alors condamné pour avoir égratigné des intégristes islamistes ?
Le directeur de publication se demande aussi qui voudrait interdire ce type de caricatures. Il voit deux types de personnes : les fanatiques eux-mêmes, visés, et si prompts à jouer les victimes. Ensuite ceux qui ont peur. Il y a en France, et c’est stupéfiant, une partie de la population qui, grâce à une médiatisation bien orchestrée des valeurs religieuses, est d’ores et déjà « tétanisée par la trouille ». Cette peur, bien manipulée, mène tout droit à l’auto-censure des plumes critiques, des humoristes et caricaturistes, et à l’abandon d’une valeur fondamentale de la République : la liberté d’expression, donc de la presse.
Philippe Val a bien raison de s’inquiéter de cette catégorie de personnes figées dans la peur. Car dans une autre colonne de Charlie, Gérard Biard nous apprend qu’un sondage de la TNS-SOFRES a été réalisé pour Le Pèlerin au moment du procès. Il montrait que les français sont prêts à abandonner les libertés qui ont fondé la République puis la laïcité. En effet 79 % d’entre eux estiment « qu’il est inacceptable de se moquer publiquement d’une religion. ». Le pourcentage d’interrogés d’accord avec cette affirmation est encore de 64 % chez les non-croyants ! La procureure générale a demandé la relaxe. En attendant, Philippe Val titre son édito : « On n’a pas gagné ». Doute et confiance alternent. Verdict le 15 mars 2007.
Le directeur de publication se demande aussi qui voudrait interdire ce type de caricatures. Il voit deux types de personnes : les fanatiques eux-mêmes, visés, et si prompts à jouer les victimes. Ensuite ceux qui ont peur. Il y a en France, et c’est stupéfiant, une partie de la population qui, grâce à une médiatisation bien orchestrée des valeurs religieuses, est d’ores et déjà « tétanisée par la trouille ». Cette peur, bien manipulée, mène tout droit à l’auto-censure des plumes critiques, des humoristes et caricaturistes, et à l’abandon d’une valeur fondamentale de la République : la liberté d’expression, donc de la presse.
Philippe Val a bien raison de s’inquiéter de cette catégorie de personnes figées dans la peur. Car dans une autre colonne de Charlie, Gérard Biard nous apprend qu’un sondage de la TNS-SOFRES a été réalisé pour Le Pèlerin au moment du procès. Il montrait que les français sont prêts à abandonner les libertés qui ont fondé la République puis la laïcité. En effet 79 % d’entre eux estiment « qu’il est inacceptable de se moquer publiquement d’une religion. ». Le pourcentage d’interrogés d’accord avec cette affirmation est encore de 64 % chez les non-croyants ! La procureure générale a demandé la relaxe. En attendant, Philippe Val titre son édito : « On n’a pas gagné ». Doute et confiance alternent. Verdict le 15 mars 2007.