La sélection naturelle et la morale
En réponse aux différents commentaires sur le dernier billet « Darwin awards »
Certains m'y font plusieurs reproches principalement de trois ordres : 1 je serais moralisatrice 2- je serais du type "bisounours" parce que je ne vois pas d'intention cruelle dans l'évolution. 3- je ne devrais pas lancer une accusation de type "personnel" ("Où sont les idiots ?").
Premier point : la morale. Quand on moralise, on détermine des comportements normés et on les juge, puis on punit les mauvais. Jusque là je ne dis rien de controversé ? C'est exactement ce que fait le prix "Darwin awards" : il a déterminé ce qui était bon, puis choisi des gens "idiots", et il se réjouit de ce que les désignés se soient punis eux-mêmes.
Si c'est pas de la morale, ça ! Par contre, si je vais à l'encontre de cette attitude, je me définis comme amorale, ce qui ne signifie pas que je sois immorale, ni que je sois dénuée de sens de la justice ou de l'équité.
Second point : la sélection naturelle est cruelle, et moi je suis "bisounours". Grosse erreur sur le darwinisme, je ne cesserai de le répéter ! La sélection naturelle n'étant pas douée d'âme, elle n'a pas d'intention, ni cruelle, ni tendre. Le manichéisme qui ressortirait d'un tel jugement porte au mysticisme. La sélection agit en neutralité, vers une élimination indirecte (par absence de reproduction) ou vers un avantage, naturel (reproduction assurée) ou culturel (vie en société). Nous appliquons à la sélection des émotions qu'elle n'a pas, parce que nous les ressentons quand nous observons ce qui agit dans les phénomènes naturels. C'est de l'anthropomorphisme. Pas de bisounous, donc, pas de diable non plus.
Troisième point : je ne devrais pas former d'accusation "personnelle" : ma question de titre et de fin interpelle un groupe indirectement, sous forme de question. Et c'est vraiment ainsi que je le pense, sous forme de doute. Ce n'est pas une accusation, c'est une véritable inquiétude.
J’ai manqué d’humour dans ce billet, vous me le reprochez aussi. Certes, vous avez raison ! Sachez que je n’en manque pas toujours, mais que j’ai le tort de cibler mes sujets d’amusement. Par exemple, les Ignobels me font bien rire, parce qu’ils ne détournent aucune théorie scientifique, que les lauréats, s’ils sont moqués, le sont sans arrière-pensée, et que le farfelu de l’affaire met tout le monde à l’aise.