La télévision pour les bébés et le CSA
Dans sa délibération du 22 juillet 2008 – qui sera publiée au JO le 1er novembre 2008 - le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a entrepris de faire une communication en direction des parents de tout-petits (moins de trois ans) en raison des nouvelles chaînes qui leur sont désormais proposées. Une information devra être portée sur l’écran pour prévenir les parents :
« Ceci est un message du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du ministère de la santé :
Regarder la télévision peut freiner le développement des enfants de moins de 3 ans, même lorsqu’il s’agit de chaînes qui s’adressent spécifiquement à eux ».
Sur les supports de communication autres que l’écran, les distributeurs devront donner des précisions :
« Ceci est un message du Conseil supérieur de l’audiovisuel et du ministère de la santé : Regarder la télévision, y compris les chaînes présentées comme spécifiquement conçues pour les enfants de moins de 3 ans, peut entraîner chez ces derniers des troubles du développement tels que passivité, retards de langage, agitation, troubles du sommeil, troubles de la concentration et dépendance aux écrans ».
Si le CSA a pris cette décision, c’est que les professionnels de la santé et de l’enfance lui ont signalé que, en-dessous de 3 ans, le développement passait essentiellement par l’échange avec d’autres personnes, et la stimulation bénéfique qui en résulte. La télévision ne permet pas cet échange.
Rien à redire à ces remarques qui sont de bon sens, puisque l'enfant de trois ans entre dans la socialisation et commence à parler couramment. Mais c’est aussi un aveu. Un aveu de déculturation pour la jeunesse. Car la passivité face à l’écran, si elle est catastrophique pour les petits, l’est aussi pour les plus âgés. Un enfant, qu’il ait 4 ou 10 ans, a besoin, lui aussi, essentiellement, d’échanger avec son entourage. La compilation d’informations, de documentaires, de fictions, de jeux, sans analyse, sans interactions, est, au mieux, une entreprise vide de sens et représentera une perte de temps éducative. Tout cela sans compter sur la mauvaise qualité des programmes pour la jeunesse, destinés à mobiliser leur pouvoir d’achat et leur influence sur leurs parents. Le CSA aurait de nombreuses recommandations à faire s’il prenait l’éducation des jeunes à cœur.
Sans doute que le CSA se donne bonne conscience grâce à ces communiqués futurs sur les écrans, mais on aurait aimé que les méfaits de la télévision soient reconnus pour tous les jeunes, dont le développement n’est pas terminé à trois ans ! Et une interdiction de ces programmes pour bébés aurait été la preuve de leur sincérité.