Les OVNI du CNES – 30 ans d’études officielles 1977-2007
David Rossoni, Éric Maillot, Éric Déguillaume
Éditions Book-e-book, 2007, 28 €
En vente sur http://www.book-e-book.com/
"Il reste plus facile de prétendre une affaire inexpliquée que de l'investiguer correctement de manière à exclure formellement les méprises potentielles." Extrait, page 262.
Une vénérable institution française, le Centre National d’Études Spatiales, abrite un service d’études des ovnis depuis 1977. Pourquoi pas ? Ce qui est observé dans le ciel par nos concitoyens et qui les inquiète par son étrangeté doit leur être expliqué, personne ne le contestera. Et pourtant…. il se trouve que le service d’études du CNES, appelé d’abord en 1977 Groupe d' Études des Phénomènes Aérospatiaux Non identifiés (GEPAN) puis Service d’Études des Phénomènes de Rentrées Atmosphériques (SEPRA), enfin GEIPAN depuis 2005 (identique au premier cité mais l’Information en plus) pêche sur plusieurs points et ne peut guère revendiquer ni rigueur ni objectivité.
Ce livre fera donc date. Car il démontre de façon brillante que la méthodologie et la rigueur ont été les grandes absentes de la plupart des enquêtes effectuées depuis 30 ans au sein de ce service, tant elles ont été guidées par la passion soucoupiste de leurs dirigeants successifs (qui finalement ont écrit des ouvrages pro-ovnis). Ils ont ainsi mené des investigations entachées de biais de raisonnement et souffrant de lacunes méthodologiques graves, afin de pouvoir classer des observations comme étant « inexpliquées », alors qu’ils avaient négligé des pistes simples et naturelles. Cet ouvrage expose d’abord l’historique de ce petit service ufologique, et nous conte les actions de ses deux principaux directeurs militants, Claude Poher puis Jean-Jacques Vélasco. On y découvre combien leurs déclarations de neutralité et de scientificité sont contredites par leurs démarches, plutôt orientées dans le sens du mystère et de l'inconnu. Ce qui explique les 28% de phénomènes non-identifiés (PAN D) affichés sur le site du GEIPAN. Un pourcentage énorme, qui, si les enquêtes avaient été menées sérieusement, auraient fondu comme neige au soleil.
Puis neuf grandes enquêtes sur des cas très médiatisés nous sont exposées ; elles ont été reprises par nos trois enquêteurs. Plusieurs d'entre ces cas (Cussac, Trans-en-Provence), ont été, et sont encore considérés, comme une vitrine pour C. Poher et J.-J. Vélasco qui affirment qu'ils sont « scientifiques ». Nos trois compères zététiciens sont retournés sur le terrain, ont retrouvé des témoins, mais aussi épluché les archives et le net. Ils confirment que les conclusions des enquêtes officielles n’avaient pas exploré toutes les hypothèses, même les plus évidentes. Entre 1977 et 2007, le « désir d’ovnis » fut le plus fort, même au sein d’un vénérable organisme scientifique comme le CNES. Les arguments de cet ouvrage ne peuvent se réfuter : ils sont solidement étayés, documentés, référencés. Les auteurs ne sont pas non plus novices dans ce domaine ; ils ont forgé depuis longtemps leurs outils critiques. Ne boudez pas votre plaisir : partez à la poursuite des ovnis et autres « PAN alphabétiques », et vous constaterez que ce document de plus de 400 pages, au style alerte et précis, se lit comme un polar.