Écoles : des intervenantes portant le foulard menacent-elles la laïcité ?
Je découvre, un peu tard, l’article de Libération du 10 décembre 2007, dans la rubrique Rebonds, qui est en fait un communiqué de presse signé par une multitude d’associations et de syndicats qui se groupent pour protester contre une décision de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité (HALDE). En mai 2007, la HALDE avait en effet donné raison à des mères d’élèves qui s’étaient vu refuser, par les directions d’écoles, d’accompagner une classe en sortie scolaire, sous le prétexte qu’elles portaient le foulard.
La HALDE a tranché : les intervenantes ne sont pas des fonctionnaires et la loi les autorise à porter leur foulard pendant l’activité ou la sortie scolaire. Le collectif cité en en-tête de l’article s’insurge de façon assez virulente, mais pas toujours pertinente. En effet, on peut lire dans cet article qu’il ne faut pas dissocier « le professionnel de l’accompagnateur occasionnel » sous peine de trahir une grande méconnaissance du système éducatif. J’en reste pantoise ! Si on ne dissocie pas les accompagnateurs occasionnels des professionnels, on se demande quel est le statut exact de l’enseignant, réputé compétent et seul responsable de sa classe. On sait pourtant nous le rappeler ! L’administration sait bien à qui s’adresser quand il y a problème : au directeur, pas aux accompagnateurs. La responsabilité d’une classe signifie que le directeur a autorisé la sortie et vérifié que le nombre d’accompagnateurs soit suffisant. L’enseignant est, lui, responsable de sa classe, de l’esprit qui va l’animer, de ses élèves, de la qualité des objectifs pédagogiques. L’accompagnateur demeure accompagnateur. Il n’est pas fonctionnaire, est souvent là pour seconder, et aussi parce qu’il nous faut trouver un encadrement obligatoire de 1 adulte pour 8 enfants en maternelle, 1 pour 12 en élémentaire. Les enfants savent très bien faire la différence entre l’enseignant et l’accompagnateur. L’élève appellera l’enseignant « maître » ou « maîtresse », mais appellera la maman par le libellé « madame » suivi de son nom de famille. C’est aussi le rôle du directeur de présenter chacun et chacune selon sa fonction. Sachant cela, l’enfant, même le plus jeune, fera la distinction entre « être accompagné » et « être éduqué ». Ceci précisé, où se trouve la difficulté ? La maman n’est pas présentée en exemple absolu (« c’est oublier la valeur d’exemplarité »), comme le prétend l’article, elle peut être là pour présenter un savoir qu’elle possède (une recette de son pays par exemple), ou pour participer à la surveillance, et donner un coup de main.